Communications
Bulletin crypto – semaine 382
Le cours du Bitcoin a progressé en début de semaine, atteignant près de 86 000 $ au moment d’écrire ces lignes, alors que les investisseurs analysent les répercussions économiques des nouvelles annonces tarifaires de la Maison-Blanche. Cette légère hausse, accompagnée d’un rebond d’autres cryptomonnaies comme Ethereum et Solana, s’inscrit dans un contexte d’inquiétudes croissantes chez les consommateurs à propos de l’inflation. Une enquête récente de la Fed de New York révèle que les ménages s’attendent à une inflation de 3,6 % sur un an, un niveau élevé qui reflète les tensions économiques provoquées notamment par les politiques commerciales du président Donald Trump.
Les marchés ont d’abord réagi positivement à l’exclusion temporaire des téléphones et puces électroniques des nouvelles taxes douanières. Toutefois, un message plus ferme de Trump a vite tempéré cet optimisme, en rappelant que les sanctions commerciales restent largement en vigueur. Malgré cela, les actions technologiques et les titres liés aux cryptos comme Coinbase ou Strategy ont clôturé en hausse, soutenus par la vigueur du Nasdaq et du S&P 500.
L’attention se tourne maintenant vers Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, dont l’intervention mercredi est très attendue. Les marchés cherchent des indices sur l’orientation future de la politique monétaire américaine, notamment en lien avec les risques de récession. Au moment de l’annonce des tarifs de « Libération », certains craignaient un net ralentissement de l’économie, ce qui avait ravivé les anticipations de baisses de taux d’intérêt. Depuis que Trump a annoncé une suspension partielle des droits de douane, la probabilité d’une récession semble avoir diminué, même si les marchés continuent de tabler sur plusieurs assouplissements monétaires. Selon certains analystes, un environnement économique mondial dégradé pourrait inciter les banques centrales à adopter des politiques plus expansionnistes, ce qui pourrait soutenir les actifs numériques à moyen terme, malgré la volatilité actuelle.
L’administration Trump envisage d’utiliser les revenus générés par les droits de douane pour renforcer les réserves stratégiques de Bitcoin des États-Unis, sans faire appel aux fonds publics. Cette approche dite « neutre pour le budget » est évoquée par Bo Hines, directeur des actifs numériques à la Maison-Blanche, comme l’une des pistes innovantes pour accroître les avoirs en cryptomonnaies du pays. Ces tarifs douaniers, bien que déstabilisants pour les marchés mondiaux, pourraient ainsi devenir un levier financier pour soutenir la politique pro-Bitcoin du gouvernement. Cette stratégie s’inscrit dans le prolongement d’un décret présidentiel signé par Donald Trump, qui officialise la création d’une réserve stratégique de Bitcoin pour les États-Unis. Actuellement, celle-ci détiendrait près de 192 000 BTC, selon les données d’Arkham. Un autre décret impose désormais à toutes les agences fédérales de déclarer leurs actifs numériques au secrétaire au Trésor, avec une date limite qui vient d’expirer, suggérant que des annonces importantes pourraient suivre. Par ailleurs, Bo Hines évoque une échéance de 180 jours durant laquelle les agences gouvernementales doivent soumettre des recommandations pour l’acquisition de nouveaux bitcoins. À l’issue de cette période, un rapport global sera élaboré afin de définir une stratégie cohérente d’accumulation. Cette dynamique reflète une volonté claire d’intégrer durablement les actifs numériques dans les structures économiques fédérales.
Le Canada s’apprête à lancer cette semaine une première mondiale : des FNB Solana au comptant intégrant des fonctions de staking, selon l’analyste principal de FNB chez Bloomberg, Eric Balchunas. Quatre gestionnaires d’actifs — Purpose, Evolve, CI et 3iQ — ont obtenu l’approbation de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (OSC) pour coter ces nouveaux produits à la Bourse de Toronto. Ces fonds suivront différents indices, mais détiendront physiquement des SOL à long terme, tout en générant des récompenses via le staking, ce qui pourrait offrir un rendement supérieur à celui du staking d’Ethereum, tout en réduisant les frais globaux. Ce lancement s’inscrit dans un engouement mondial croissant pour les FNB crypto au comptant. Après des années de résistance, la SEC américaine a approuvé les premiers FNB Bitcoin au comptant en janvier 2024, ce qui a entraîné une vague de nouvelles demandes, notamment pour d’autres cryptomonnaies comme Solana et XRP. Toutefois, aux États-Unis, les FNB Solana basés sur les contrats à terme n’ont jusqu’à présent attiré que peu de capitaux, ce qui montre un intérêt modéré pour ces produits.
Dans le reste du monde, plusieurs juridictions progressent également. Hong Kong et l’Australie ont récemment introduit leurs propres FNB crypto réglementés, signalant un intérêt institutionnel croissant pour une exposition conforme aux actifs numériques. Le Canada, précurseur en la matière, avait déjà lancé le tout premier FNB Bitcoin au comptant dès février 2021, se positionnant une fois de plus comme pionnier dans le secteur. Une différence importante demeure toutefois : le staking. Tandis que les autorités canadiennes l’autorisent déjà dans les FNB, les régulateurs américains restent réticents. La SEC a notamment reporté sa décision sur la proposition de Grayscale visant à inclure le staking dans un FNB Ethereum, prolongeant la période d’examen jusqu’au 1er juin 2025. Selon certains experts, comme James Seyffart de Bloomberg, une approbation du staking dans les FNB américains ne serait pas attendue avant la fin 2025, sous réserve d’évolution réglementaire.
La SEC (Securities and Exchange Commission) des États-Unis envisage la mise en place d’un environnement réglementaire expérimental, ou « sandbox », destiné aux plateformes d’échange de cryptomonnaies comme Coinbase. Cette initiative permettrait aux entreprises de tester de nouvelles approches, notamment l’échange de titres financiers tokenisés – des versions numériques d’actions ou d’obligations traditionnelles, enregistrées sur des réseaux blockchain. Cette ouverture marquerait un tournant dans l’approche réglementaire américaine, longtemps perçue comme rigide à l’égard de l’innovation crypto. Le président par intérim de la SEC, Mark Uyeda, a déclaré que l’agence pourrait accorder des exemptions temporaires et conditionnelles à certaines plateformes non enregistrées, afin qu’elles puissent expérimenter ces nouveaux produits avant l’adoption d’un cadre légal officiel. Hester Peirce, commissaire et responsable du nouveau groupe de travail crypto de l’agence, soutient également cette approche. Elle estime que ces tests offriraient des enseignements précieux, tant sur le plan technique que commercial, pour orienter les futures règles. Ce type de « bac à sable réglementaire » a déjà été mis en œuvre dans d’autres pays comme la Colombie, ou encore dans le domaine de la finance traditionnelle américaine, notamment pour faciliter l’innovation en matière de prêts. L’idée serait d’encadrer ces essais tout en laissant aux entreprises une certaine liberté d’explorer de nouveaux modèles économiques liés à la tokenisation des titres financiers.
Malgré la volatilité engendrée par les politiques tarifaires de Donald Trump, la société de gestion crypto Grayscale estime que ces perturbations pourraient à moyen terme bénéficier au Bitcoin. Dans un rapport récent, elle explique que la multiplication des droits de douane contribue à un climat de stagflation — un mélange d’inflation élevée et de croissance économique faible — qui tend historiquement à pénaliser les actifs traditionnels comme les actions et les obligations, tout en profitant aux actifs rares, comme l’or… ou potentiellement, le Bitcoin. Même si le Bitcoin est encore jeune pour que l’on puisse juger de son comportement en période de stagflation passée, Grayscale observe que, lors des années 1970, l’or avait progressé à un rythme annuel d’environ 30 %, bien au-dessus du taux d’inflation. En extrapolant ce comportement aux cryptoactifs, le rapport suggère que le Bitcoin pourrait tirer avantage de conditions économiques similaires, surtout s’il est perçu comme une réserve de valeur rare et décentralisée. Le rapport souligne également que l’intensification des tensions commerciales pourrait affaiblir le rôle du dollar dans les échanges internationaux. Une telle situation inciterait certains pays à diversifier leurs réserves de change, avec le Bitcoin comme alternative potentielle. Si aujourd’hui seul l’Iran affiche du Bitcoin dans les bilans officiels de sa banque centrale, d’autres États — via leurs fonds souverains ou politiques nationales — commencent à considérer sérieusement cette option. Les États-Unis, de leur côté, sont déjà en train de constituer une réserve stratégique de Bitcoin, renforçant la légitimité de l’actif.
Selon Matt Hougan, directeur des investissements chez Bitwise, le comportement actuel du Bitcoin diffère sensiblement de ce qu’on a observé lors des précédents replis de marché. Alors que la volatilité liée aux politiques tarifaires de Donald Trump secoue les marchés, le Bitcoin reste étonnamment stable : son prix n’a pratiquement pas bougé en un mois. Cette résistance suggère, selon Hougan, que la cryptomonnaie pourrait grimper rapidement si les obstacles macroéconomiques venaient à disparaître. Historiquement, lors des grandes corrections boursières, le Bitcoin sous-performait nettement par rapport aux actions. Par exemple, en 2022, le S&P 500 a reculé de 24,5 %, tandis que le Bitcoin chutait de 58 %. Mais cette fois, bien que les actions américaines aient perdu environ 12 % depuis leur sommet de février, le Bitcoin n’a baissé que de 12,4 %, ce qui constitue une première relative en termes de résistance face aux turbulences boursières. Hougan estime que le Bitcoin pourrait même, pour la première fois depuis 2011, surperformer les actions lors d’une correction prolongée. Il nuance toutefois son propos en rappelant que cela ne fait pas encore du Bitcoin un actif-refuge à part entière, comme l’or, qui lui a nettement mieux résisté dans ce contexte. Néanmoins, il souligne la résilience impressionnante du Bitcoin, qui parvient à se maintenir au-dessus des 80 000 $ malgré les tensions géopolitiques et économiques mondiales. Ce comportement témoignerait d’une certaine « maturité » acquise par le Bitcoin, dont le profil commence à s’éloigner de celui d’un simple actif spéculatif.
La société Strategy (anciennement MicroStrategy) continue d’accroître son exposition au Bitcoin avec l’achat récent de 3 459 BTC pour environ 285,8 millions de dollars, à un prix moyen de 82 618 $ par unité. Cette acquisition, effectuée entre le 7 et le 13 avril, porte le total détenu par la société à 531 644 BTC, soit plus de 2,5 % de l’offre totale prévue de Bitcoin (21 millions d’unités). Le financement de cette opération provient de la vente de près d’un million d’actions ordinaires de classe A (MSTR), générant un montant similaire à celui de l’acquisition. Depuis le lancement de son programme « 21/21 », Strategy a mis en place un plan ambitieux visant à lever jusqu’à 42 milliards de dollars via l’émission d’actions et de titres à revenu fixe pour financer ses achats de bitcoins. À ce jour, la société détient ces bitcoins à un prix d’achat moyen de 67 556 $, pour une valeur globale d’achat de 35,9 milliards de dollars, incluant frais et charges. Malgré des pertes latentes déclarées de près de 6 milliards de dollars au premier trimestre 2025, liées à la baisse de 12 % du cours du Bitcoin, la valorisation boursière de Strategy demeure élevée, à environ 79,9 milliards de dollars. La stratégie d’investissement de Michael Saylor, cofondateur et président exécutif, reste axée sur l’accumulation continue de BTC, sans se laisser freiner par la volatilité du marché ou les critiques sur la décorrélation entre la valeur réelle des avoirs et la capitalisation de l’entreprise. Des analystes, notamment chez Bernstein, soulignent que le niveau d’endettement de la société reste modéré (moins de 13 %), avec aucune échéance majeure avant 2028, ce qui lui laisserait une marge de manœuvre pour atteindre un million de BTC d’ici 2033. Enfin, malgré une année 2025 plus difficile pour le titre MSTR après une envolée de plus de 568 % en 2024, l’action a rebondi récemment, gagnant plus de 15 % la semaine dernière, notamment grâce à la stabilité du Bitcoin face aux turbulences économiques mondiales causées par les politiques commerciales de Donald Trump. Le commentaire ironique de Saylor — « No tariffs on orange dots » — souligne son optimisme persistant face aux vents contraires du marché.
Le Bitcoin pourrait être sur le point de repartir à la hausse, selon plusieurs indicateurs techniques, notamment l’indice de force relative (RSI), qui atteint ses niveaux les plus élevés depuis janvier. Historiquement, les phases de rallye haussier du Bitcoin commencent souvent lorsque le RSI donne certains signaux clés, et les conditions actuelles semblent réunies pour une possible reprise du marché. Au cours des dernières semaines, alors que le prix du Bitcoin a marqué des creux successifs, le RSI, lui, a affiché des creux de plus en plus hauts, signalant une divergence haussière. Ce type de configuration est souvent perçu comme un signe avant-coureur d’un retournement positif. Le RSI journalier est récemment repassé au-dessus du seuil des 50, un niveau souvent utilisé comme baromètre de momentum. Après avoir retesté ce niveau avec succès comme support, il a poursuivi sa progression, atteignant des sommets sur plusieurs mois.
L’analyste crypto bien connu Rekt Capital souligne également cette dynamique en mentionnant une divergence haussière de plus en plus marquée sur le RSI, alors que le prix se situe juste en dessous d’une ligne de tendance baissière clé. Il considère que Bitcoin est actuellement en train de consolider au-dessus d’un support important, ce qui pourrait renforcer les chances d’une rupture haussière prochaine.
Les Investissements Rivemont, gestionnaire du Fonds Rivemont crypto.
Les renseignements présentés le sont en date du 15 avril 2025, à moins qu’une autre date ne soit mentionnée, et à titre d’information seulement. Ils proviennent de sources que nous jugeons fiables, mais non garanties. Il ne s’agit pas de conseils financiers, juridiques ou fiscaux. Les investissements Rivemont ne sont pas responsables des erreurs ou omissions relativement aux renseignements, ni des pertes ou dommages subis.
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