Le marché des cryptomonnaies reste prudent en attendant les annonces tarifaires prévues par l’ancien président américain Donald Trump pour le 2 avril, date surnommée « Liberation Day ». Le Bitcoin évolue légèrement au-dessus de 83 000 $, en hausse de 1,8 % sur 24 heures, tandis que l’Ether affiche également une progression modérée, atteignant environ 1 837 $. Les autres cryptomonnaies majeures, telles que XRP et Solana, connaissent des augmentations modestes, mais globalement, le marché demeure dans l’attente des détails concrets des nouvelles taxes commerciales. Selon plusieurs analystes, les investisseurs préfèrent actuellement rester sur leurs gardes, étant donné l’incertitude entourant l’impact potentiel des tarifs promis par Trump. Une partie du marché envisage une opportunité d’achat à court terme, jugeant que la réaction initiale pourrait avoir été exagérée, alors que d’autres préfèrent attendre de voir précisément l’ampleur et les conséquences de ces mesures commerciales avant de s’engager davantage.

Le contexte est particulièrement sensible, car le premier trimestre 2025 s’est avéré décevant pour le Bitcoin, marquant sa pire performance depuis 2018, avec une chute de près de 12 %. Cette correction a suivi une période euphorique où le Bitcoin avait atteint un sommet supérieur à 108 000 $ en janvier. L’application récente de taxes américaines sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de Chine, combinée à une inflation américaine plus forte que prévue, a refroidi le marché des cryptos, contredisant les attentes initiales d’un marché haussier prolongé grâce aux politiques pro-crypto de l’administration Trump. Malgré ce repli, plusieurs experts anticipent une reprise potentielle au deuxième trimestre 2025. Cette relance pourrait être soutenue par une probable baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine ainsi que par l’application progressive de mesures concrètes favorables aux cryptomonnaies promises par Trump. L’afflux de capitaux institutionnels pourrait également jouer un rôle crucial, offrant au Bitcoin l’opportunité de remonter vers la barre symbolique des 100 000 $, à condition de franchir d’abord une importante résistance autour des 88 000 $ – 90 000 $.

Le président du comité des services financiers de la Chambre des représentants américaine, French Hill, a critiqué de manière inhabituelle les activités personnelles de Donald Trump dans le domaine des cryptomonnaies. Selon lui, les investissements du président et de sa famille dans des projets tels que des « meme coins » et des stablecoins compliquent la tâche des législateurs, qui tentent actuellement de mettre en place une régulation claire du secteur des actifs numériques. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump et son entourage se sont considérablement investis dans les cryptomonnaies, lançant notamment un meme coin basé sur Solana et une plateforme de finance décentralisée baptisée World Liberty Financial, qui comprend un stablecoin. Ces projets ont généré des centaines de millions de dollars de profits pour la famille Trump, avec un potentiel de gains supplémentaires estimé en milliards de dollars. Parallèlement, d’autres activités commerciales liées à Trump, comme la plateforme Truth Social, ont également annoncé des partenariats crypto importants, tandis que les fils du président viennent tout juste de lancer une entreprise de minage de Bitcoin. Ces engagements personnels se déroulent alors même que Trump prend des décisions politiques majeures qui influencent directement le marché crypto. Il a notamment signé plusieurs décrets ayant des effets immédiats sur le secteur, et ses équipes collaborent activement avec les républicains au Congrès pour élaborer un cadre réglementaire inédit aux États-Unis. Cette proximité entre les intérêts privés du président et ses décisions publiques provoque cependant un malaise croissant chez certains élus républicains, dont French Hill, qui estime que ces situations créent un climat défavorable à la régulation. Les initiatives législatives actuellement en cours au Congrès pourraient toutefois clarifier le cadre réglementaire américain sur les cryptomonnaies. Plusieurs projets de loi, dont le « STABLE Act » à la Chambre des représentants et une proposition similaire au Sénat, bénéficient d’un soutien bipartisan mais se heurtent à des résistances accrues en raison des affaires crypto controversées du président. Ainsi, des élus démocrates comme Elizabeth Warren profitent de ces controverses pour s’opposer aux textes proposés, accusant les projets liés à Trump, comme son stablecoin USD1, d’être motivés par des intérêts personnels plutôt que par le bien commun.

Le président Donald Trump a accordé vendredi son pardon présidentiel aux fondateurs de la plateforme d’échange crypto BitMEX : Arthur Hayes, Benjamin Delo et Samuel Reed. Ces trois entrepreneurs avaient reconnu leur culpabilité en 2022 pour avoir enfreint la loi américaine sur le secret bancaire, notamment en raison de l’absence d’un programme adéquat de lutte contre le blanchiment d’argent sur leur plateforme. En parallèle, chacun avait accepté de payer une amende de 10 millions de dollars pour clore cette affaire. Arthur Hayes a publiquement remercié le président sur les réseaux sociaux peu après l’annonce officielle. BitMEX, de son côté, avait précédemment accepté de payer une amende globale de 100 millions de dollars en janvier dernier, pour régler définitivement les violations commises entre 2015 et 2020. À l’origine, les autorités américaines reprochaient à BitMEX d’avoir permis à des clients américains de réaliser des transactions sur la plateforme sans avoir vérifié correctement leur identité.

Un haut responsable du gouvernement brésilien a récemment affirmé que constituer une réserve stratégique en Bitcoin serait crucial pour assurer la prospérité du pays et servirait l’intérêt public. Pedro Giocondo Guerra, chef de cabinet du vice-président Geraldo Alckmin, a comparé le Bitcoin à « l’or numérique », soulignant son efficacité à transférer rapidement de la richesse au niveau mondial et à préserver de manière sécurisée la valeur du travail. Ces déclarations font suite au dépôt d’un projet de loi par le député Eros Biondini visant à établir une réserve souveraine en Bitcoin représentant jusqu’à 5 % des réserves internationales du Brésil. Selon ce projet, la Banque centrale du Brésil serait responsable de la gestion et de la surveillance de cette réserve, utilisant des technologies avancées telles que la blockchain et l’intelligence artificielle pour garantir sa sécurité et sa transparence. Le texte propose également que cette réserve soutienne le lancement du DREX, la future monnaie numérique brésilienne. Le projet de loi précise plusieurs objectifs pour cette réserve en Bitcoin : diversifier les actifs financiers du Trésor national, protéger le pays contre les fluctuations des devises et les risques géopolitiques, promouvoir l’utilisation de la blockchain dans divers secteurs économiques et renforcer la position du Brésil dans l’économie numérique mondiale. Le texte insiste sur l’importance d’une gestion transparente avec des rapports réguliers au Congrès et prévoit un déploiement progressif respectant les contraintes fiscales et la stabilité financière nationale.

Larry Fink, PDG de BlackRock, a averti récemment que le dollar américain pourrait perdre son statut privilégié de monnaie de réserve mondiale au profit d’actifs numériques tels que le Bitcoin, si les États-Unis ne parviennent pas à maîtriser leur dette et leurs déficits budgétaires. Selon lui, cette menace est réelle, car la dette nationale augmente désormais trois fois plus vite que le PIB, une situation qui deviendra intenable à terme. Il souligne notamment que les paiements d’intérêts de la dette américaine dépasseront 952 milliards de dollars cette année, surpassant même les dépenses en défense nationale. Tout en reconnaissant le potentiel considérable des cryptomonnaies et de la finance décentralisée, Fink met en garde contre le risque qu’elles représentent pour la domination économique américaine si les investisseurs en venaient à considérer le Bitcoin comme une alternative plus sûre que le dollar. Il a également rappelé l’énorme succès du fonds FNB Bitcoin lancé par BlackRock (IBIT), devenu rapidement l’un des plus grands FNB au monde avec plus de 50 milliards de dollars sous gestion en moins d’un an. Ce produit attire principalement des investisseurs particuliers, beaucoup découvrant les FNB de BlackRock pour la première fois.

En plus du Bitcoin, Larry Fink insiste sur l’importance de la tokenisation des actifs, une innovation susceptible de révolutionner l’investissement en rendant tous les types d’actifs (actions, obligations, immobilier) négociables sur des blockchains. Selon lui, cette technologie permettrait d’accélérer radicalement les échanges, d’éliminer des intermédiaires coûteux et de libérer des capitaux actuellement immobilisés par les délais administratifs de règlement des transactions. Il voit la tokenisation comme une véritable démocratisation du monde financier, ouvrant l’accès à une plus large gamme d’investissements aux petits épargnants.

L’entreprise technologique Strategy a annoncé l’acquisition récente de près de 2 milliards de dollars en Bitcoin, portant ainsi ses réserves totales à 528 185 Bitcoins, estimées à environ 35,6 milliards de dollars. Cette opération, impliquant l’achat de 22 000 Bitcoins à un prix moyen de 87 000 $ chacun, est la troisième annoncée par la firme en trois semaines consécutives, confirmant ainsi sa stratégie agressive d’investissement dans cette cryptomonnaie. Pour financer ces achats, Strategy a levé 1,2 milliard de dollars via la vente d’actions ordinaires dans le cadre d’un programme lancé en octobre dernier, ainsi que 1,85 million de dollars par l’émission d’actions préférentielles perpétuelles nommées « STRK », un produit offrant un dividende cumulatif de 8 %. Actuellement, la société dispose encore d’une marge d’environ 21 milliards de dollars pour émettre d’autres actions préférentielles de ce type.

La société GameStop, connue dans le secteur de la vente de jeux vidéo, vient d’annoncer son intention d’émettre pour environ 1,3 milliard de dollars de titres obligataires convertibles afin de financer l’acquisition de Bitcoin. Cette démarche rappelle directement la stratégie adoptée précédemment par la société Strategy, spécialisée dans les achats massifs de cryptomonnaies par le biais de dettes similaires. GameStop a précisé que l’argent obtenu via cette émission d’obligations servira à divers besoins corporatifs généraux, mais surtout à acheter du Bitcoin pour l’intégrer à ses réserves financières. La société avait d’ailleurs modifié récemment sa politique d’investissement précisément pour pouvoir inclure le Bitcoin dans ses actifs de trésorerie. Ces obligations convertibles, qui ne verseront pas de dividende, arriveront à maturité en avril 2030, période similaire à celle choisie par Strategy dans ses récentes émissions obligataires. Le mécanisme prévoit que les investisseurs possédant ces titres convertibles pourront, au moment opportun, les échanger contre une combinaison d’actions de GameStop et d’argent liquide, selon les modalités qui seront définies ultérieurement par la société. Après l’annonce, l’action de GameStop a bondi de 11 % en séance ordinaire, avant de connaître une légère baisse en après-séance. Le PDG de GameStop, Ryan Cohen, avait récemment laissé entendre cette nouvelle orientation stratégique en s’affichant aux côtés de Michael Saylor, cofondateur de Strategy. Cette opération arrive alors que GameStop affiche déjà une trésorerie confortable, disposant actuellement de 4,7 milliards de dollars en liquidités, un montant nettement supérieur aux 921 millions de dollars détenus l’année précédente.

La dominance du Bitcoin, actuellement proche de 58,8 %, atteint son niveau le plus élevé depuis début 2021, ce qui surprend les investisseurs qui attendaient plutôt une reprise significative du marché des altcoins. Habituellement, une telle période appelée « alt season » intervient lorsque les investisseurs prennent leurs bénéfices sur le Bitcoin pour les réinvestir dans des cryptomonnaies alternatives, souvent plus risquées mais potentiellement plus rentables.
 

Cependant, malgré des conditions généralement propices à une « alt season » – comme la stabilité relative du Bitcoin, l’accroissement des liquidités sur les marchés ou encore l’intérêt accru des institutionnels –, ce transfert de capitaux ne s’est pas produit. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : tout d’abord, la stratégie d’accumulation continue de Bitcoin par certaines entreprises, notamment Strategy, exerce une pression acheteuse constante sur le Bitcoin. Par ailleurs, l’apparition massive de nouvelles cryptomonnaies a probablement dispersé les flux de capitaux, limitant ainsi les ressources destinées aux altcoins établis. L’approbation l’été dernier d’un FNB Ethereum avait initialement suscité l’espoir d’une redistribution des fonds vers les altcoins, mais son effet réel sur le marché est resté plus limité que prévu. Bien que les produits financiers liés à Ethereum aient connu un démarrage positif, cela n’a pas entraîné l’ensemble du marché des altcoins vers une hausse significative.

Le flux de Bitcoins entrant sur les principales plateformes d’échange a atteint récemment son niveau le plus bas depuis près de deux ans, selon une analyse récente. Axel Adler Jr., analyste chez CryptoQuant, indique que la pression vendeuse sur le Bitcoin a fortement diminué depuis que son prix a dépassé les 100 000 $ fin 2024. Concrètement, les dépôts quotidiens moyens sur les bourses ont chuté de 64 %, passant de 81 000 BTC en novembre dernier à seulement 29 000 BTC par jour actuellement. Cette réduction importante des dépôts entrants pourrait signaler un assèchement des vendeurs, laissant présager un marché favorable à une nouvelle tendance haussière. Adler estime que les investisseurs ont déjà largement encaissé leurs bénéfices après la hausse spectaculaire du Bitcoin, ce qui conduit à un équilibre où les acheteurs semblent à l’aise avec les niveaux de prix actuels. Selon lui, cette période d’accalmie pourrait marquer une phase de consolidation avant une potentielle reprise à la hausse, possiblement dès les prochains mois.

Les Investissements Rivemont, gestionnaire du Fonds Rivemont crypto.

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