Après une forte volatilité la semaine dernière suite à l’annonce de tarifs par les États-Unis sur les importations canadiennes et mexicaines, le prix du bitcoin est au contraire plutôt stagnant dans le canal de consolidation de plus en plus étroit ces derniers jours. En parallèle, l’or atteint quant à lui un sommet historique, laissant de nombreux analystes espérer que le bitcoin puisse suivre la trace de l’actif en tant qu’or numérique. Encore à ce jour toutefois, le bitcoin peine à passer d’actif à risque à une réserve de valeur tel que l’or.

Le bitcoin semble de moins en moins influencé par les tactiques commerciales de Donald Trump. Alors que les annonces précédentes de tarifs douaniers, notamment sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, avaient brièvement fait chuter le bitcoin à 93 000 dollars, ses récentes déclarations sur de nouvelles taxes sur l’aluminium et l’acier n’ont eu qu’un impact limité. Après une légère baisse dimanche soir, le bitcoin s’est redressé à 97 700 dollars dès l’ouverture des marchés lundi. Selon Tom Dunleavy de MV Global, les marchés commencent à mieux anticiper les tactiques de Trump, reconnaissant que peu de ses menaces tarifaires initiales se concrétisent réellement. Les investisseurs perçoivent désormais ces annonces comme des outils de négociation plutôt que comme des politiques systématiquement appliquées. Par ailleurs, la Réserve fédérale américaine surveille de près les impacts potentiels des changements de politique commerciale sur l’inflation, ce qui pourrait influencer sa décision de maintenir des taux d’intérêt élevés. Trump semble également infléchir sa stratégie en passant de tarifs «universels», visant toutes les importations, à des tarifs «réciproques», ciblant uniquement les pays imposant des taxes sur les produits américains. Cette approche, jugée moins inflationniste et plus longue à mettre en œuvre, a été interprétée par certains analystes, comme Geoff Kendrick de Standard Chartered, comme une transition vers une posture moins agressive, réduisant ainsi l’anxiété des marchés.

Binance et la SEC ont récemment surpris le secteur des cryptomonnaies en déposant une motion conjointe pour suspendre leur procès en cours pendant 60 jours. Cette demande s’appuie sur l’espoir qu’une nouvelle dynamique réglementaire émerge avec la création d’un groupe de travail dédié aux cryptos, dirigé par la commissaire de la SEC Hester Peirce. Les deux parties estiment que ce développement pourrait favoriser une résolution rapide du litige, qui porte sur des accusations graves de violations des lois américaines sur les valeurs mobilières. Si la suspension est approuvée, cela retarderait des décisions clés, telles que la demande de Binance visant à rejeter la plainte révisée de la SEC. Cette initiative, qui s’inscrit dans un contexte de changements potentiels de la politique réglementaire sous la direction intérimaire du président de la SEC, Mark Uyeda, pourrait également inspirer d’autres entreprises comme Ripple et Coinbase à adopter une approche similaire face à leurs propres litiges avec l’autorité. Depuis 2023, Binance fait face à une série d’accusations, notamment d’avoir contourné les lois sur les valeurs mobilières, mettant en danger les fonds des investisseurs. En novembre 2023, son fondateur Changpeng Zhao (CZ) a plaidé coupable à des accusations de blanchiment d’argent et de violations de sanctions, acceptant de payer une amende de plus de 4 milliards de dollars et de purger une peine de prison. Malgré ces défis juridiques, le lancement du groupe de travail crypto de la SEC, chargé d’élaborer un cadre réglementaire plus clair, suscite l’espoir d’une approche plus favorable envers l’industrie.

Franklin Templeton, gestionnaire d’actifs multinational, a récemment déposé une demande auprès de la SEC pour lancer un nouveau FNB d’indice crypto multi-actifs. Ce fonds, baptisé Franklin Crypto Index FNB, se concentrerait initialement sur le bitcoin (BTC) et l’ethereum (ETH), avec une pondération respective de 86,31 % et 13,69 %. Bien que la demande n’engage pas à inclure d’autres cryptomonnaies dans l’immédiat, elle laisse la porte ouverte à de futures additions si la SEC les approuve. Le fonctionnement du fonds repose sur un indice qui ne peut inclure que des actifs numériques conformes aux réglementations des principales juridictions financières, comme les États-Unis. Franklin Templeton souligne qu’avant d’ajouter tout autre actif, il faudra que la SEC ait approuvé un produit financier similaire pour cet actif. Actuellement, Franklin Templeton propose déjà un FNB Bitcoin, valorisé à 743,7 millions de dollars, et un FNB Ethereum, d’une valeur de 33,9 millions de dollars. Si ce FNB multi-actifs est approuvé, il pourrait être coté sur la Bourse Cboe BZX et marquer une étape importante pour attirer les investisseurs institutionnels et individuels vers les cryptomonnaies, sans dépendre d’un actif unique. Jeff Hancock, PDG de Coinpass, estime qu’un tel produit pourrait apporter une liquidité essentielle au marché tout en offrant davantage de flexibilité aux institutions pour diversifier leurs portefeuilles. Plusieurs observateurs considèrent que l’émergence de FNB multi-actifs dans le secteur des cryptos est inévitable.

Le nouveau projet fintech de Donald Trump, Truth.Fi, prévoit de lancer des produits d’investissement basés sur le bitcoin, marquant une nouvelle étape dans l’expansion de son groupe médiatique et technologique. Truth.Fi, une branche financière de Trump Media and Technology Group (TMTG), a annoncé avoir déposé des marques pour six véhicules d’investissement, dont deux liés au bitcoin : le Truth.Fi Bitcoin Plus FNB et le Truth.Fi Bitcoin Plus SMA. Ces initiatives visent à offrir aux investisseurs traditionnels une exposition accrue aux cryptomonnaies, une stratégie déjà adoptée par des géants comme BlackRock et Fidelity. Devin Nunes, PDG de Trump Media, a déclaré que l’objectif est de fournir des alternatives compétitives aux fonds actuels, en mettant en avant des valeurs américaines comme l’énergie et la fabrication. Cependant, les détails sur la particularité du « Plus » dans ces nouveaux produits restent flous.

De plus en plus d’États américains envisagent d’établir des réserves stratégiques de Bitcoin, suivant l’exemple de Donald Trump et de ses alliés politiques qui poussent pour que ce type d’actif soit intégré au niveau national. Actuellement, neuf États examinent des projets de loi visant à intégrer le Bitcoin dans leurs trésoreries, chacun avec des approches variées pour renforcer leur résilience financière et protéger leurs fonds publics contre l’inflation. Au Texas, un projet de loi propose la création d’une réserve Bitcoin, stockée hors ligne pour une sécurité maximale et maintenue pendant au moins cinq ans. La Pennsylvanie, pour sa part, envisage d’investir jusqu’à 10 % de son fonds général et de ses fonds d’urgence dans le Bitcoin, tandis que l’Ohio introduit un projet similaire en donnant au trésorier de l’État la liberté d’acquérir des cryptomonnaies. Le New Hampshire et le Wyoming explorent également des mesures pour intégrer le Bitcoin dans leurs stratégies d’investissement, en mettant en avant des pratiques comme le prêt ou le staking pour maximiser les rendements. D’autres États, comme l’Arizona et l’Utah, envisagent d’investir une partie de leurs fonds publics dans des actifs numériques, à condition qu’ils respectent des seuils stricts de capitalisation boursière. L’Illinois, quant à lui, prévoit un fonds stratégique dédié, où les Bitcoin devront être conservés au minimum cinq ans avant de pouvoir être vendus ou transférés. Cette vague de législation reflète une adoption croissante des cryptomonnaies au niveau local, alors que les États cherchent à diversifier leurs portefeuilles.

La société Strategy, anciennement connue sous le nom de MicroStrategy, a récemment repris ses achats de Bitcoin après une courte pause. Entre le 3 et le 9 février, elle a acquis 7 633 bitcoins supplémentaires pour un montant de 742,4 millions de dollars. Cette reprise intervient après une interruption fin janvier, marquant la fin d’une série de 12 semaines consécutives d’achats massifs ayant totalisé 20 milliards de dollars. Actuellement, Strategy détient un impressionnant portefeuille de 478 740 bitcoins, évalué à environ 46,5 milliards de dollars. La société a mis en place un ambitieux plan baptisé « 21/21 Plan », visant à lever 42 milliards de dollars pour renforcer son exposition au Bitcoin, répartis équitablement entre l’émission d’actions et la vente de titres à revenu fixe. Depuis qu’elle a adopté cette stratégie en août 2020, Strategy a dépensé en moyenne 65 033 dollars par Bitcoin, selon des documents déposés auprès de la SEC. Cette transformation marque un virage stratégique pour l’entreprise, qui se concentre désormais sur la sécurisation et l’accumulation de Bitcoin comme couverture contre l’inflation.

Le ratio Ethereum/Bitcoin (ETH/BTC) a atteint son niveau le plus bas en quatre ans, reflétant une nette préférence des investisseurs institutionnels pour les produits basés sur le Bitcoin, notamment les FNB. Actuellement à 0,028, ce ratio a chuté de 70 % depuis septembre 2022, marqué par une sous-performance persistante d’Ethereum face au Bitcoin. Parmi les raisons évoquées, les analystes citent un retour à une inflation de l’offre d’Ethereum et un manque de catalyseurs forts pour stimuler son prix. Depuis la mise à jour « The Merge » en 2022, Ethereum devait devenir déflationniste, mais sa croissance d’offre annuelle moyenne de 5,4 % depuis février 2024 a déçu les attentes. Parallèlement, Ethereum a également perdu en compétitivité par rapport à d’autres blockchains comme Solana, qui capte désormais une part importante du volume des échanges décentralisés (DEX). De plus, des retards dans des mises à jour clés, comme l’upgrade Pectra attendue pour mars, compliquent davantage la situation d’Ethereum sur le marché. En réponse à ces défis, l’écosystème Ethereum cherche à se repositionner. Des initiatives comme Etherealize, soutenue par Vitalik Buterin, visent à séduire Wall Street et renforcer l’adoption institutionnelle. Cependant, des tensions internes au sein de la Fondation Ethereum et un manque perçu de leadership freinent cette ambition. Pour l’instant, Bitcoin continue de dominer les flux institutionnels, laissant Ethereum à la traîne dans un marché où les investisseurs privilégient la clarté et la stabilité.

Le prix du Bitcoin pourrait atteindre un nouveau sommet historique dans les deux à trois semaines à venir, selon certains analystes qui observent une corrélation entre l’évolution du Bitcoin et celle de l’or. Alors que l’or a récemment franchi un nouveau record de 2 942 $ l’once, le Bitcoin a montré des signes de volatilité, en particulier après des rumeurs démenties par Binance concernant une vente massive de ses réserves de cryptomonnaies. Des experts comme Michaël van de Poppe anticipent que le Bitcoin suivra le même chemin que l’or avec un léger décalage temporel. Van de Poppe estime que le Bitcoin pourrait atteindre un nouveau sommet historique dans les prochaines semaines, en suivant l’élan donné par l’or. Selon son analyse, la zone idéale d’entrée pour les investisseurs se situe autour de 90 000 $. D’autres analystes, comme Charles Edwards de Capriole Investments, comparent la situation actuelle à l’été 2024, où l’or avait entraîné une augmentation significative du prix du Bitcoin quelques mois plus tard. Avec les banques centrales et les investisseurs asiatiques continuant à acheter massivement de l’or comme protection contre l’inflation, Edwards prédit un transfert inévitable vers le Bitcoin, souvent qualifié d’actif le plus solide au monde.

La banque multinationale britannique Standard Chartered prévoit que le prix du Bitcoin atteindra 500 000 $ avant la fin du mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Cette augmentation serait soutenue par un environnement réglementaire plus favorable et un meilleur accès des investisseurs au Bitcoin. La banque anticipe une progression régulière, avec un prix de 200 000 $ en 2025, 300 000 $ en 2026, 400 000 $ en 2027 et un plateau à 500 000 $ en 2028, moment où la capitalisation boursière du Bitcoin atteindrait 10,5 trillions de dollars, représentant environ la moitié de celle de l’or. L’introduction des FNB (fonds négociés en bourse) Bitcoin en janvier 2024 a joué un rôle clé dans cette dynamique, attirant des flux nets de 39 milliards de dollars. Ces produits financiers ont répondu à une forte demande latente, facilitant l’accès des investisseurs traditionnels au Bitcoin. De plus, le retrait par la SEC de la directive comptable SAB 121, qui compliquait le traitement des actifs numériques dans les bilans des entreprises, est vu comme une étape importante vers une réglementation plus favorable.

Les Investissements Rivemont, gestionnaire du Fonds Rivemont crypto.

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